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La Somme en Avignon/Le Mistral à réaction
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1 août 2007

Le Roi Lear

Critique collective (groupe d'habitants du Vimeu et du quartier Etouvie à Amiens) du Roi Lear, construite à partir d’un matériau fait de remarques, d’impressions mises à jour après la lecture des critiques du Monde, de Libération et de l’Humanité, dans un échange bienveillant.

"Un théâtre qui se crée à vue sur le plateau… qui s'invente à partir de la parole et du geste de l'acteur."_(Fabienne Darge)

"Chaque apparition de Norah Krief ( le fou et Cordélia) constitue un petit miracle poétique". ( Jean-Pierre Léonardini)

"Il ne s'agit pas d'offrir une "vision" de la pièce mais de l'explorer "en direct"." (René Solis).


Remarques et réactions du groupe :

"Quand on arrive, on a l’impression d’un fouillis. On se demande ce qui va se passer. C’est pas classique dans le théâtre."
"On se dit « Ils ne sont pas prêts »."
"Sur la scène, les acteurs s’habillent, se déshabillent, parlent au public…comme s’ils étaient en répétition. Ils sont sur scène comme les spectateurs dans les gradins. Quand est-ce que ça commence ?"
"Quand des acteurs parlent, on voit les autres se préparer (comme dans les coulisses) à partir des différents lieux."
"Il y a tout le théâtre devant nous : coulisses, scène, acteurs, techniciens. On explore le théâtre. On suit quand même la pièce."
"Heureusement, il y a Cordélia. Quand elle arrive (toujours en courant, en mouvement), on reprend un souffle de vie. Elle apporte de la légèreté, elle plaisante, elle surprend. Elle apporte de la fraîcheur. Est-ce l’actrice ou le personnage ? Elle avait quelque chose dans la voix : voix fleurie, assez aiguë, on dirait une gamine ; ça c’est indépendant du personnage. C’est elle qui relance, qui met un peu d’ambiance. C’est surtout quand elle joue le fou."
"L’effet final crée la surprise. Le drame est fini. On s’y attendait pourtant. La pièce est finie car la lueur d’espoir n’est plus là. Mais on sent que la violence peut repartir avec les survivants…Fin de l’histoire mais pas fin du théâtre."
"Problème du décor, le mur attend. On sent qu’il résiste."

Critique collective :

Cette mise en scène de Jean-François Sivadier semble mettre en évidence deux plans, celui de la pièce elle-même qui se développe selon sa propre nécessité, selon le principe de la dislocation du Roi Lear et du monde et un autre plan qui serait celui du théâtre lui-même dont le principe serait celui du processus, de la dynamique. C’est pour cela que l’on pourrait dire qu’au moment ou la pièce s’achève le théâtre, lui, continue, les morceaux épars sur la scène semblant attendre un prochain renouveau. On pourrait s’interroger sur l’articulation entre ces deux plans, celui de la pièce de Shakespeare et celui du théâtre. Peut-être que Jean-François Sivadier a privilégié le second sur le premier, ce qui fait dire à René Solis que cette mise en scène est plus une exploration qu’une vision de la pièce de Shakespeare.
C’est parce que cette mise en scène privilégie le processus théâtral que ce qui semble le plus efficace ce sont moins les paroles et les gestes de l’acteur, comme le pense Fabienne Darge, que la mise en relation, dans le ici et maintenant, des différents lieux sur la scène. C’est la mise en espace sur le plateau qui construit le théâtre. On pourrait justement faire une réserve concernant l’indifférence du metteur en scène à l’égard du mur de la cour du Palais des Papes. On se demande si cette destruction des individus et du monde n’aurait pas pu, n’aurait pas dû s’inscrire dans cette verticalité. Ce mur n’étant pas travaillé théâtralement, poétiquement, résiste et empêche le travail sur l’horizontale du plateau de donner toute sa puissance.
Tout le monde a reconnu la puissance du jeu de Norah Krief (comme le souligne Jean-Pierre Léonardini). Chacune de ses interventions semble relancer la dynamique propre de la pièce, lui redonner du souffle, également au spectateur, de l’oxygène et apporter une légèreté, une fraîcheur, bref créer de la poésie. Remarquons cependant que tout cela est vrai mais pour ce qui concerne la composition du personnage du fou et cela est beaucoup moins vrai concernant le personnage de Cordélia, également tenu par cette même actrice. Ce qui nous fait nous interroger sur la part qu’il revient à l’actrice et au personnage. On pourrait également se demander si cette efficacité dynamique qu’a ce personnage du fou n’est pas décuplée artificiellement dès lors que la dynamique tragique de la pièce n’est pas pleinement assumée par le metteur en scène. Ce qui est indiscutable concernant Norah Krief c’est la puissance évocatrice de sa voix aiguë, nasillarde, gamine, arsouille et toujours maîtrisée. Quelle présence d’esprit et quel effet rassurant n’a–t-elle pas produit sur les 2000 spectateurs quant elle s’est retournée vers eux pour leur demander : « ça va ! » lorsqu’un coup de vent brutal venait d’arracher un élément du décor !

Josette, Geneviève, Henriette, Jean-Claude, Martine, Sylvie, Sandrine, Marie-Josée, Jean-Pierre, Naïma, Emmanuelle, Dode, Claudine, Jean-Christophe, Etienne, Patrick


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  • Un blog pleinement interactif : un lieu de réaction à des spectacles vus par un groupe d'habitants picards en séjour au Festival d'Avignon qui sollicite les artistes concernés, les journalistes, les autres spectateurs.
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